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Géraldine Thiercelin, alumni Télécom SudParis

28 Jan. 2021
Karolina Gorna (TSP, étudiante en 2 année) à la rencontre de Géraldine Thiercelin (TSP, promotion 1994), Vice President - A400M Customer Services - Airbus Defence & Space - Military Aircraf
Géraldine Thiercelin, alumni Télécom SudParis

Parlez-nous de votre parcours. Comment avez-vous rejoint le secteur aéronautique après votre diplôme ?

En 1994, j’ai commencé chez STERIA où je faisais du développement sur des applications de transferts sécurisés pour les banques. En premier lieu, j’ai exercé dans le même domaine pour l’entreprise à Genève, par la suite à Paris. A ce moment, j’ai eu mon premier enfant et j’en ai profité pour changer de société. J’ai intégré SWIFT, un opérateur de transfert sécurisé pour les banques qui commercialisait des logiciels d’accès à leurs propres réseaux. Auparavant, j'étais ingénieure technico-commerciale. En effet, j’apportais mes compétences techniques aux équipes de vente afin de proposer des solutions sur-mesure aux clients tout en suivant le bon déroulement de la gestion de projet.

A la suite de mon expérience à Paris, nous avions déménagé à Bruxelles avec ma famille. Mon mari travaillait chez MOBISTAR, une filiale d’Orange, c’était la grande époque du déploiement des licences GSM. Pour ma part, j’ai intégré NOKIA NETWORKS où j’étais chargée du déploiement d’un réseau utilisant les fréquences militaires avec la technologie TETRA, qui est toujours en vigueur pour l’usage de la police et la gendarmerie. Ma mission consistait à mettre en place tout ce qui relève de la maintenance du réseau : le contrat avec les fournisseurs, la mise en place des stocks de rechange, la formation des équipes… L’ensemble des éléments facilite la préparation du Go Live de la solution.

Nous avons ensuite déménagé dans le sud de la France. En constatant que le marché était peu porteur, j’avais décidé de m’inscrire à la formation de l’IAE d’Aix-Marseille Graduate School of Management pour développer mes compétences en management des entreprises, et de bien vivre ma troisième grossesse. Après mon stage en deuxième année du cursus, j’ai intégré Eurocopter, qui appartient au groupe AIRBUS.

Pourriez-vous nous présenter votre fonction de VP – A400M Consumer Services au quotidien ?

Mon parcours au sein de l’entreprise a commencé en 2003. J’y ai occupé 6 postes différents. Au départ, je désirais faire partie d’une entreprise dans laquelle je pouvais rester un peu plus longtemps, avec des horizons assez larges. La politique d’AIRBUS étant de faire évoluer les cadres d’un poste à l’autre, j’ai eu autant l’opportunité de travailler dans des domaines aussi divers que la logistique et la transformation de l’ingénierie. Il existe une réelle confiance en interne.

Au sein d’AIRBUS, j’ai débuté par le Business Development pour les services, puis j’ai enchaîné par un poste plus opérationnel concernant le matériel support pour les hélicoptères. Il s’agit concrètement de mettre en place tous les réseaux de distribution avec les fournisseurs et ceux en logistique. Par la suite, en ingénierie, je me suis occupée de sujets transversaux tels que le soutien aux projets de développement, la gestion des ressources et le lean management. Après 4 ans, je suis revenue dans le département service d’AIRBUS où j’avais pu y passer 12 ans, en étant chargée des services pour une gamme d’hélicoptères.

Le temps passait et ma situation familiale me permettait de prendre davantage de responsabilités au sein du groupe. Ainsi, j’avais saisi l’opportunité d’un poste basé à Madrid, dans la filiale Defence & Space. Je suis chargé des services pour l’A400M, un avion  militaire, développé avec 6 nations de l’OTAN. Il s’agit d’un avion de transport de troupes et dans le même temps, qui est capable de ravitailler. C’est une « citerne volante » qui ravitaille des avions de chasse possédant moins d’autonomie. Il a été mis en service en 2013, je m’occupe du soutien de l’avion. A partir du moment où il est livré à nos clients, mes équipes sont chargées de le maintenir en vol et fournir aux armées de l’air, tout ce dont elles ont besoin pour le maintien en conditions opérationnelles de leurs flottes.

L’A400M est un avion assez imposant, il était d’ailleurs exposé au Salon du Bourget une année si je ne me trompe pas ?

En effet, l’avion était bien présent. J’y étais également et je ne savais pas encore à ce moment-là que j’allais rejoindre AIRBUS Defence & Space. Je ne saurais pas vous expliquer pourquoi, mais j’ai toujours beaucoup aimé cet avion. C’est le seul avion que j’ai pris en photo quand je suis allé au Bourget ! Je le trouve magnifique !

Comment envisagez-vous votre évolution et celle d’Airbus Defence & Space au cours des années à venir ?

La partie commerciale souffre de la pandémie. La partie Defense a d’autant plus d’importance dans le groupe afin de compenser la situation. Il est intéressant d’être témoin de la construction des moyens de la défense européenne. Notre entreprise est franco-allemande et espagnole.  

Selon moi, faire partie de cette aventure humaine est un privilège, cela donne beaucoup de sens. J’arrive sur mes 50 ans et j’ai la certitude que d’autres belles opportunités m'attendent. De plus, ma responsabilité est aussi de coacher ainsi que de faire grandir les jeunes, et particulièrement les femmes, c’est ce qui me plaît.

Par quelles actions avez-vous pu contribuer à la cause des femmes ?

Le soutien des femmes dans l’industrie est une cause qui me tient à cœur. Même si nous avons fait des progrès, les chiffres parlent d’eux-mêmes. En ce sens, le nombre de femmes à certains niveaux de l’entreprise représente encore une part trop faible. AIRBUS est sensible à ces questions. Il est important que j’y contribue aussi.

Mes actions s’axent autour du mentoring étant donné que je suis actuellement mentor de deux jeunes femmes. Je les vois régulièrement et parfois, j’en vois d’autres de manière plus informelle. Elles peuvent me faire part en toute confiance et confidentialité, des difficultés qu’elles rencontrent dans leur travail. A la différence du coach, le rôle de mentor me permet de mettre en regard mon parcours et le leurs, de les conseiller pour les aider au mieux. De plus, je me suis investie dans les réseaux féminins dans l’industrie afin d’assister régulièrement à des conférences sur ces sujets. Il est important d’avoir un bon équilibre entre la vie professionnelle et personnelle pour réussir.

Quels sont les apports de l’école ?

Télécom SudParis m’a apporté énormément. Le diplôme m’a offert la possibilité de démarrer dans le secteur très porteur de celui des télécoms. Je n’ai occupé le poste d’ingénieur que durant les premières années de ma carrière dans l’industrie. Néanmoins, il est important de l’avoir été afin d’être écouté. Pour l’anecdote, cela va vous paraître préhistorique, c’est seulement à partir de mon entrée à l’école, en 1991, que j’ai appris à me servir d’un ordinateur ! Nous avions des salles avec des ordinateurs, ça m’a mis le pied à l’étrier ! Au niveau relationnel, j’y ai rencontré des amis pour la vie et mon mari. Au sein de mon groupe, il y a eu beaucoup de mariages !

Quelles sont vos passions dans le domaine privé ?

Je fais énormément de sport dont la course à pied et le ski. Quand nous habitions à Aix avec ma famille, nous allions à la montagne tous les week-ends. Voir des amis, sortir et aller au cinéma, c’était tout simplement essentiel. Nous avons toujours eu un mode de vie très actif, des agendas remplis… Mais ça fait partie de notre équilibre !

En période de pandémie, avez-vous un conseil pour les étudiants qui vont entrer sur le marché de l’emploi ?

Il faut y croire. J’ai également connu des moments délicats : la crise des télécoms en 2001, mes trois congés maternité… J’étais convaincue que les entreprises ne voudraient plus de moi, la route fut longue ! Chacun de nous a une valeur et les opportunités sont présentes. Vous êtes jeunes, vous avez un magnifique avenir devant vous. Restez sereins. Ne faites pas de compromis, pensez aux choix qui vous importent le plus. Par exemple, lorsque je désirais avoir des enfants ou quand j’ai suivi mon mari en Belgique, je l’ai fait parce que je considérais que c’était le mieux pour moi. Croyez-moi, avec ce type de confiance, vous pourrez alors vous construire un avenir autour de ce qui est le plus important pour vous.