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Viktoria Zakharova, étudiante en PhD track Physique des plasmas

Le 23 avr. 2021
Viktoria Zakharova partage avec nous son expérience en PhD track et son parcours d'initiation à la recherche au sein du Laboratoire d'Optique Appliquée (LOA).
Viktoria Zakharova, étudiante en PhD track Physique des plasmas

Les étudiants étrangers sont de plus en plus nombreux à venir étudier à l’Institut Polytechnique de Paris, qui mène une politique d’ouverture internationale, tout en innovant et élargissant son offre de formation. Ainsi, le PhD track a-t-il été récemment lancé sur le modèle de PhD track anglo-saxon. Viktoria Zakharova, étudiante russe, l’une de premières à intégrer le PhD track en physique des plasmas, a été sélectionnée pour une bourse M2 de l’Ecole Universitaire de Recherche PLASMAScience.

Viktoria, pourriez-vous vous présentez et nous parler brièvement de votre parcours ? Pourquoi avez-vous choisi ce programme en physique ?

J’ai 22 ans. Je suis née et j’ai grandi en Russie, plus précisément à Kovylkino, une petite ville de la République de Mordovie. A l’école, j’avais un professeur de physique extraordinaire qui m’a donné envie d’étudier cette matière. Puis, j’ai participé à différents concours de physique. Ayant gagné des prix, j’ai été invitée à intégrer une école spécialisée en mathématiques et physique à Saransk, la capitale de la Mordovie. C’est l’un des collège-lycées les plus sélectifs en Russie dans ces disciplines qui attire des enfants de nombreuses régions. J’y ai étudié pendant 4 ans en étant en internat comme une partie de mes camarades. J’y ai eu des supers enseignants qui m’ont entraînée aux diverses compétitions nationales de physique. Ainsi, je suis devenue lauréate de l’olympiade nationale en physique, le plus important concours pour les lycéens russes.

Après le lycée, je suis entrée à l’Institut de physique et de technologie de Moscou (MIPT), institution de renom dans le domaine de la physique, où j’ai obtenu mon Bachelor. A noter qu’en Russie le Bachelor s’effectue en 4 ans. En 4ème année, je me suis posé des questions sur la suite de mes études et j’ai commencé à me renseigner sur les différentes possibilités qui existaient. J’ai soumis mon dossier à divers programmes européens et mon choix s’est finalement arrêté sur le PhD track en physique des plasmas d’IP Paris.

Comment vous avez découvert ce programme, quelqu’un vous a guidé et conseillé dans vos recherches ?

Personne ne m’a guidée, je cherchais tout moi-même sur internet. J’ai entendu parler de l’Ecole polytechnique en France et de sa réputation, je savais qu’elle proposait un programme pour les ingénieurs et j’ai découvert le PhD track d’IP Paris. Ce programme m’a intéressée de par son format original, son parcours « à la carte » et son orientation « recherche ».

Vous étiez sélectionnée par IP Paris pour la qualité de votre dossier académique. Est-ce que d’autres programmes européens vous ont répondu positivement ? Et si oui, est-ce que vous avez eu des hésitations pour faire un choix définit ?

Oui, j’ai reçu plusieurs propositions, il fallait donc choisir et le choix était dur. J’ai eu une très belle proposition en Allemagne avec une bourse de recherche du DAAD (l’Office allemand d’échanges universitaires). Quant à la France, j’avais le choix entre l’Ecole Normale supérieure et l’IP Paris. Finalement, j’ai choisi IP Paris. La personne qui a influencé mon choix est celui qui est devenu depuis mon tuteur à IP Paris, mon encadrant scientifique : Sébastien Corde (LOA). Il m’a contactée suite au dépôt de mon dossier et au cours de notre échange, il m’a convaincue de choisir l’Institut Polytechnique de Paris.

Est-ce que les autres propositions offraient un format similaire ?

Non, c’était plutôt des programmes de Master classiques, avec des cours obligatoires et des options à choisir, mais qui ne consacraient pas de temps à la recherche. Alors qu’ici, dans le cadre de PhD track, on peut prendre des heures de recherche au lieu de suivre des cours théoriques, tout en validant les ECTS. En plus, dans le cadre de ce programme, l’étudiant est accompagné par un tuteur qui le guide dans le choix des cours et dans la partie recherche. J’ai de la chance d’avoir un super tuteur ! C’est très intéressant de travailler avec Sébastien Corde, j’aime les projets qu’il propose, j’apprécie son suivi et son support. Je lui suis très reconnaissante, il m’a même aidée dans les démarches administratives, ce qui n’est pas évident pour un étudiant étranger. C’est rassurant, car tu sais que tu as quelqu’un à qui tu peux t’adresser.

Le tutorat est donc une des clés de succès de ce programme, surtout dans le contexte du COVID d’aujourd’hui…Vous savez, la France s’est inspirée de PhD track anglo-saxon. Est-ce que vous avez cherché ce type de programme aux Etats-Unis ?

A vrai dire non, je n’ai même pas cherché. Les Etats-Unis, je n’y ai jamais été…et puis, c’est très loin de chez moi.

Et vous n’avez pas eu peur de venir en France sans maîtriser la langue française ?

Non, je n’avais pas peur, même si je ne parle pas français. Ce sont plutôt mes parents qui s’inquiétaient. Moi, je savais que les cours seraient enseignés en anglais, et je ne m’inquiétais pas pour mon niveau d’anglais. Quant au français, je pense qu’on peut toujours apprendre une langue !

Vous avez compris tout de suite que l’Ecole Polytechnique et l’Institut Polytechnique de Paris sont situés à Palaiseau, à quelques kilomètres de la capitale ?

Oui, j’ai vu tout de suite que Palaiseau se trouve à 16 km de Paris…C’est drôle, parce que j’ai déjà été dans une situation similaire à la sortie du lycée. J’avais le choix entre une très bonne université au cœur de Moscou et MIPT dans la banlieue de Moscou. Finalement, j’ai opté pour MIPT qui se trouve dans la ville de Dolgoproudny, à plus de 20 km de Moscou. L’intérêt du programme comptait plus pour moi que la situation géographique.

Il est vrai qu’après 4 ans en Bachelor, j’en avais un peu assez d’habiter tout le temps dans la banlieue… Du coup, oui, j’hésitais entre l’ENS au centre de Paris et lP Paris au cœur de Palaiseau. Après une longue réflexion, je me suis dit que la localisation reste un critère secondaire, c’est le contenu du programme qui compte. Je peux toujours aller me promener à Paris. D’ailleurs, au mois de septembre, quand je suis arrivée, j’ai pu visiter la capitale (la Tour Eiffel, le quartier de Montmartre etc.), à l’époque on pouvait encore se promener et prendre un café en terrasse…

En même temps c’est pratique ici, c’est un véritable campus, il y a des écoles, des résidences d’étudiants, des cantines, des équipements sportifs…Et le parc …

En effet, tout est à côté. Je suis logée sur le campus. Quand il faut aller en cours ou au labo, en 10 minutes vous êtes sur place. On ne perd pas son temps dans les transports…

Comment s’est passée votre intégration ? Est-ce que vous vous êtes fait des amis ?

A vrai dire, dans le contexte sanitaire d’aujourd’hui, ça n’est pas évident. C’est compliqué, on ne se voit pas en présentiel. Nos cours sont en « visio ». Tous les événements prévus sont malheureusement annulés. J’ai néanmoins réussi à sympathiser avec les étudiants du PhD track, on s’est rencontré tout au début de l’année, en automne, lors d’une réunion organisée pour les étudiants de toutes les spécialités (intelligence artificielle, biologie, physique etc.). Il y a beaucoup d’étudiants internationaux (Allemagne, Brésil, Iran, Russie etc.).

Est-ce que les études vous plaisent ? L’Ecole Polytechnique et l’Institut Polytechnique de Paris sont connus pour leur niveau d’études exigeant. Si vous comparez avec la Russie, est-ce que le niveau vous semble différent?

Je dirais que l’approche de l’enseignement est différente. En tout cas, je ne peux parler que de mon expérience à MIPT. Ici, c’est plus compliqué pour moi qu’à Moscou, parce que c’est un autre pays, une autre langue, une autre culture. Par exemple, j’ai l’habitude des examens oraux en Russie, ici, tout est par écrit. Un examen écrit est plus stressant pour moi qu’un examen oral : le temps est limité, il faut faire vite, je n’ai pas droit à l’erreur. L’examen oral en Russie, c’est une discussion calme et sans empressement. En même temps, l’écrit français est anonyme et permet peut-être d’exclure le facteur subjectif que l’enseignant peut avoir sur toi.  Au final j’aime beaucoup mes études ici, j’apprécie l’approche des enseignants et le contenu proposé. Le niveau est exigeant et je dois faire des efforts. C’est aussi cela ce que j’aime. Il faut travailler et je m’en réjouis, car je me sens progresser.

L’idée de PhD track est d’amener l’étudiant jusqu’à la thèse. Vous avez déjà une idée de votre sujet de recherche ?

Oui, le sujet qui m’intéresse est l’accélération des particules dans les plasmas. Lorsqu’on illumine un plasma avec un faisceau laser ou avec un faisceau de particules des processus se mettent en œuvre qui accélèrent les particules du plasma. Pourquoi cette technique est-elle prometteuse ? Parce que les accélérateurs de particules classiques (tel que le grand collisionneur de hadrons) nécessitent des installations gigantesques (plus de 20 km). Il est difficile d’avoir de tels accélérateurs, alors que dans les plasmas on peut accélérer des particules en utilisant des installations beaucoup plus petites. Cela explique en partie l’attrait pour ce type de technologies.

Quels sont vos projets pour l’année prochaine ?

Je vais continuer en Master 2 « Physics by Research ». C’est un peu la suite logique du M1 de PhD track avec la même approche « à la carte ». Il permet de combiner des cours de différents programmes. Par exemple, on peut prendre la moitié des cours en physique des plasmas, la moitié en optique. J’espère seulement que les cours que je vais choisir pourront être enseignés en anglais.

Le mois d’avril est le début de la période des stages pour les étudiants de M1. Quel stage avez-vous choisi ?

En effet, nous devons faire un stage de 16 semaines minimum. Les étudiants en PhD track peuvent faire leur stage partout, en France ou à l’étranger, dans un laboratoire de recherche ou dans l’industrie. Tout dépend de l’envie de l’étudiant. J’ai choisi d’aller en Suisse pour découvrir un autre pays francophone. J’ai contacté quelques laboratoires qui m’intéressaient. Finalement, mon stage se déroule à l’Ecole Polytechnique de Lausanne (EPFL) qui possède un centre de recherche en plasma. Comme la situation sanitaire est moins tendue en Suisse, les stages en présentiel sont maintenus.

Quels sont vos plans de carrière ?

Je veux devenir scientifique, chercheur et aussi enseignant. J’aime beaucoup l’enseignement, j’aime apprendre et transmettre. Je continue d’ailleurs à donner des cours à distance à des enfants russes passionnés de physique. Je les prépare aux concours. C’est mon hobby. Pour moi la physique, ce n’est pas seulement un domaine scientifique, c’est également un moyen d’entraîner son cerveau à développer une véritable souplesse intellectuelle. Comme le disait avec une pointe d’humour un de mes professeur en Russie : « On peut apprendre l’économie aux physiciens, mais on ne peut pas apprendre la physique aux économistes ».