Pauline Rossi et Pierre Boyer, nominés au Prix du meilleur jeune économiste
Tous deux professeurs au Département d’économie de l’École polytechnique et chercheurs au Centre de recherche en économie et statistique (CREST*) de l’Institut Polytechnique de Paris, Pauline Rossi et Pierre Boyer figurent parmi les nominés du Prix du meilleur jeune économiste 2023. Mathieu Reynaert, professeur et chercheur à l’École d’Économie de Toulouse est le troisième nominé. Julia Cagé, professeure à Science Po Paris et Vincent Pons, professeur à la Harvard Business School, sont les deux lauréats ex aequo. Ces distinctions récompenses non seulement la qualité des travaux académiques, mais aussi la capacité à rechercher et apporter des solutions aux enjeux de société importants.
Pauline Rossi : économie et démographie
La fécondité reste élevée en Afrique sub-saharienne, deux à trois enfants de plus que dans le reste du monde. Les politiques mises en place pour accélérer la transition démographique n’ont pour l’instant pas porté leurs fruits. Elles partent du principe que le niveau élevé de la fécondité s’explique principalement par l’absence de contrôle des femmes sur leurs grossesses. Les travaux de recherche de Pauline Rossi, à l’interface entre microéconomie appliquée, l'économie du développement et l'économie de la famille, montrent que ce n’est pas le cas. C’est parce que les couples, et notamment les femmes, ont de bonnes raisons de vouloir beaucoup d’enfants : leur avenir économique en dépend. Pour être efficaces, les politiques de population doivent agir sur ces incitations économiques. Les activités de la chercheuse associent modélisations économiques et travaux de terrains, en plus de travaux d’expertise dans différents pays en développement. Elle vient de recevoir une bourse Starting Grant du Conseil européen de la recherche pour le projet P3OPLE (Peers and Possible Partners : Exploring the Origins of Population Long-term Equilibria) autour de ces thématiques.
Pierre Boyer et les réformes des politiques économiques
Dans ses recherches, Pierre Boyer étudie notamment les implications de la concurrence politique sur les priorités des politiques publiques et des cadres réglementaires. Ainsi, il s’est penché sur les facteurs qui déterminent la plus ou moins bonne acceptation du fait de payer des impôts. Ce travail, qui se poursuit, trouve que c’est le sentiment que l’argent public est bien utilisé qui constitue le facteur le plus important de ce consentement à l’impôt. Une autre des questions qui a motivé est ses recherches est de comprendre comment les grandes réformes fiscales conduites dans les années 1980 et 1990 en Europe et aux États-Unis ont pu être acceptées politiquement par la population alors qu’elles ont favorisé les personnes à haut revenus. Le chercheur s’intéresse également à l’efficacité de dispositifs économiques. Il a par exemple montré que, sous certaines conditions, la prime d’activité rapporte plus d’argent qu’elle ne coûte à la collectivité. Lauréat en 2017 du Prix Malinvaud du meilleur article d’un jeune économiste, Pierre Boyer est aussi membre du Conseil des prélèvements obligatoires auprès de la Cour des Comptes.
A propos du Prix du meilleur jeune économiste
Créé en 2000 par le think tank « Le Cercle des économistes » et le journal « Le Monde », ce prix est une récompense de référence pour les jeunes économistes français. Il valorise les travaux d’un économiste français ou affecté en France, de moins de 41 ans. Parce que le rôle des économistes dépasse les laboratoires de recherche et les cabinets experts, il distingue non seulement l’excellence de la production académique des jeunes économistes, mais aussi leur contribution au débat public.
A lire dans le journal « Le Monde »