Les entretiens du CIEDS : rencontrez, dans l’épisode 1, le Colonel Thomas Brucker de l’Armée de Terre

À propos de l’invité

Colonel Thomas Brucker
Directeur du Battle-Lab Terre
Section technique de l’armée de Terre
« À l’instar de tous mes camarades opérationnels, nous sommes confrontés à des situations d’incertitude, voire chaotiques, où l’innovation, qu’elle soit dans nos procédures, mais aussi technique, peut apporter des solutions ».
Diplômé de l’Académie militaire de Saint-Cyr, de l’École de Guerre et ingénieur des Arts et métiers, le Colonel Thomas Brucker est un officier de l’armée de Terre avec un CV impressionnant et un parcours particulièrement axé sur l’opérationnel. Il a été commandé l’unité de sapeurs-pompiers de Paris assurant la protection du Centre spatial guyanais. Il a aussi servi au sein de l’État-major international de l’OTAN et dispose d’une expertise du domaine nucléaire, radiologique, biologique, chimique (NRBC). Il a été déployé au Mali dans le cadre de missions des Nations Unies, et a été chef de corps du deuxième groupement d’incendie et de secours au sein de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris. Actuellement, il occupe le poste de Directeur de Battle-Lab Terre.
Les moments clés de l’épisode
Le Battle-Lab Terre est une structure dédiée à l’innovation ouverte de boucle courte pour l’armée de Terre. Sa mission est de détecter les innovations civiles qui pourraient trouver des applications dans le domaine militaire, et plus précisément bénéficier aux soldats de l’armée de Terre.
Quel bilan d’étape du Battle-Lab Terre peut être dressé à ce stade ?
D’après son Directeur, la structure aurait passé la Vallée de la mort et serait actuellement dans une phase de consolidation. Ce qui n’est malheureusement pas le cas de certaines structures d’innovation qui, après l’engouement initial, se retrouvent contraintes de mettre la clé sous la porte trois ans seulement après leur lancement, explique le Colonel Thomas Brucker.
Quels projets ont été noués entre le CIEDS et le Battle-Lab Terre ?
L’invité évoque que la collaboration entre le CIEDS et le Battle-Lab Terre (plus largement l’armée de Terre), s'inscrit dans une logique de réseau. Des projets ont notamment été initiés par la structure en collaboration avec le laboratoire de mécanique des solides (LMS) de l’École polytechnique.
Comment appréhender les rapports entre le domaine civil et militaire ?
Selon le Colonel Thomas Brucker, il est intéressant d’encourager le dialogue et le partage d’idées entre ces deux mondes, mais aussi d’ouvrir ses portes pour montrer des cas d’usage élaborés en collaboration avec l’Agence de l’innovation de défense. Il souligne par ailleurs que l’innovation est souvent tractée par le domaine civil.
Quelles sont les priorités en matière d’innovation de défense du Battle-Lab Terre ?
L’invité explicite qu’en matière de recherche, le Battle-Lab Terre se concentre sur l’approche low cost, low tech. Tandis que du point de vue de la méthodologie, les enjeux du Battle-Lab Terre sont de développer l’organisation et l’agilité afin de disposer des bons dispositifs au bon moment pour pouvoir innover en fonction de la situation.
Quelles sont les attentes du Colonel Thomas Brucker vis-à-vis des jeunes générations par rapport aux problématiques de défense et de sécurité ?
Le Colonel Thomas Brucker recommande aux jeunes générations d’être curieuses face à ce monde changeant. Selon lui, les ingénieurs de demain ont un rôle déterminant à jouer.
Quels ont été les grands axes du processus d’innovation dans l’armée de Terre au cours de ces dernières années ?
L'invité du jour explique que, ces dernières années, une réorganisation en deux temps a pris place au sein de la partie équipements, adossée à la création du Battle-Lab Terre : une colocalisation des acteurs sous un même commandement et, plus récemment, la transformation de l'armée de Terre avec la création d'un nouveau commandement, le commandement du combat futur.
Comment faire cohabiter, le monde rapide et agile de l’innovation et celui de l’armée du temps long et de la robustesse ?
Selon le Colonel Thomas Brucker, il s’agit d’un véritable défi. À l’échelle du Battle-Lab Terre et avec deux années de recul, il souligne l’importance d’accompagner l’innovation dès le début, dès les phases de test.
Le CIEDS remercie vivement le Colonel Thomas Brucker pour son interview passionnante et pour le temps qu’il a consacré à ce tout nouveau projet d’acculturation aux enjeux de défense.
Le CIEDS remercie également la Section technique de l’armée de Terre.