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Arnaud Bret, alumni de Télécom SudParis

Le 08 jan. 2021
Justine Coerchon & Otman ELHANI (TSP, étudiants en 1ère année) à la rencontre de Arnaud Bret (TSP, promotion 1990) Director - Business Development, Consumer Services Distribution - EMEA chez Amazon.

Parlez-nous de votre parcours

Je suis diplômé de Télécom SudParis en 1990. A la sortie de l'école, je suis parti en tant que Volontaire au Service National Actif (VSNA) au CERN à Genève pendant 18 mois. J’ai pu collaborer avec des physiciens prestigieux. Dans ce rôle, je cumulais une fonction de développeur applicatif et une fonction d’administrateur de réseaux locaux.

Par la suite, je me suis rapidement tourné vers l’international. J’ai démarré chez AT&T à Paris pendant 3 ans avant d'être envoyé en tant qu'expatrié travailler pour la maison mère aux Etats-Unis. Je me souviens avoir passé trois années fabuleuses avec ma famille dans le New Jersey, près de New York. J’ai eu mon premier enfant avant de partir, mon deuxième est né dans le New Jersey et mon dernier à Amsterdam. Pour l’anecdote, mon épouse est fière de dire qu’elle a accouché en France, aux Etats-Unis et aux Pays-Bas!

Pouvez-vous nous en dire davantage sur vos expériences à l’international ?

Aux Etats-Unis, au sein d’AT&T, j’ai eu la chance d’occuper deux postes. Le premier était dans la stratégie internationale et le deuxième était un poste de Product Manager dans le marketing. Au bout de trois ans, nous avons voulu avec mon épouse repartir en Europe. J’ai été appelé par un ancien collègue de AT&T qui était sur le point de créer une société à Amsterdam.

Là-bas, j’ai vécu une belle expérience … peut-être la plus belle de ma vie professionnelle. Il s’agissait d’une start-up durant la bulle internet. Nous avions un budget quasiment illimité pour recruter et développer de nouveaux produits. Je suis devenu le directeur marketing de la division entreprise de KPNQwest, une filiale entre KPN (opérateur télécom néerlandais) et Qwest (opérateur télécom américain). Nous avons vécu une aventure exceptionnelle dans cette start-up, avec de très beaux moments et une fin un peu difficile. Ce qui est certain, c’est que nous y avons beaucoup appris.

En 2014, j’ai suivi mon épouse qui avait l'opportunité de partir à Londres pour LinkedIn. J’ai été recruté par la division télécom d’Oberthur (maintenant IDEMIA), dont la mission était de commercialiser des solutions et des services autour de la carte SIM. J’ai démarré en dirigeant l’Europe, puis ensuite l’Europe, le Moyen Orient et l’Afrique (EMEA). Le fait nouveau à ce moment-là de ma carrière a été de travailler pour une société française. Je n’avais en effet travaillé jusque-là que pour des sociétés nord-américaines. J’ai donc dû me réhabituer à la culture business française qui reste très différente de la culture business américaine.

Racontez-nous votre expérience chez BlackBerry pendant l’essor de l’industrie des télécoms ?

Avant l’expérience chez BlackBerry, à partir de 2002 et ce durant 4 ans, j’ai eu deux expériences. La première était chez Motorola dans les réseaux d’infrastructures entre Paris et Londres. La deuxième était au sein d’EDS, une société qui faisait de l’outsourcing informatique.

Après avoir travaillé dans les réseaux et les infrastructures, j’ai voulu toucher au concret. Quand vous êtes dans ce domaine, vous apprenez beaucoup mais vous restez assez loin des clients finaux. Je ressentais le besoin de toucher le produit, voir comment le commercialiser. Cela s’est traduit par mon expérience chez BlackBerry en 2006, où je suis resté 8 ans. Je suis devenu directeur commercial en charge des opérateurs télécom émergents en Europe. Par la suite, je suis devenu responsable de la région BENELUX et nous y avons associé la Suisse, l’Autriche, Israël et la Russie. J’ai notamment ouvert le bureau de Moscou et celui de Vienne.

Research In Motion (BlackBerry) fut la première entreprise à lancer son smartphone. En 2006, il y avait pratiquement tout à faire sur le marché du smartphone. Il fallait non seulement stimuler les ventes avec les opérateurs télécoms sur le marché des entreprises et, dans le même temps, produire de l’hypercroissance sur celui du grand public. J’étais ravi car j’étais là où je voulais être, autrement dit travailler avec des produits qui étaient extrêmement novateurs. Entre 2007 et 2012, l’époque BlackBerry était extraordinaire. L’entreprise a généré un taux de croissance de 20% chaque trimestre pendant 24 trimestres. À la fin, l’OS BlackBerry a été rattrapé puis dépassé par Apple et Android. Mais cette expérience a été riche en enseignements!

Qu’avez-vous appris de vos nombreuses expériences à l’international ?

Avoir la capacité de décrypter les cultures. Dans mon cas, j’ai découvert la culture business américaine il y a plus de 25 ans. De nos jours, je suis très à l'aise pour discuter avec des américains. J’ai dû également me confronter avec la culture néerlandaise, qui est très différente, car elle est beaucoup plus directe. Je m’y suis adapté et m’y suis finalement fait. Dernièrement, j’ai dû décrypter la culture anglaise qui est beaucoup moins directe et plus subtile dans la conversation. D’un point de vue anglais, un français peut paraître direct. Pour comprendre cet environnement de manière globale, il faut assimiler la manière anglaise d’amener un sujet, ainsi que les expressions à utiliser dans le langage courant. Ce que je recommande vivement, c’est d'être ouvert en cherchant à comprendre les cultures. N’ayez pas peur, prenez des risques et allez à l’étranger. C’est très enrichissant!

En quoi consiste votre poste actuel chez Amazon ?

Je travaille actuellement toujours à Londres chez Amazon, où j’officie en tant que directeur de la région EMEA pour la revente des services digitaux de l’entreprise auprès des opérateurs télécoms. Il s’agit d’un business qui permet de commercialiser et de marketer les services Amazon auprès des opérateurs. Par exemple, quand vous allez chez Free ou SFR, vous pouvez accéder à Amazon Prime via votre abonnement depuis votre opérateur.

Pourquoi avoir choisi de travailler dans des multinationales plutôt que de créer votre start-up puisque vous êtes mentor d’un accélérateur de start-up ?

C’est une excellente question. J’ai hésité à le faire une ou deux fois. Cela reste toujours une possibilité mais je ne sais pas encore quand je ferai le grand pas. J’attends d’avoir la bonne idée, le bon timing et le bon segment. Si un jour, je dois créer une entreprise, j’aimerais le faire en association avec au-moins une autre personne. Entre mes expériences en multinationale, j’ai effectivement mentoré plusieurs start-ups notamment dans le Mesh Network ou le Social Selling. J’ai été également au Board d’une société dans les paiements digitaux. A Londres, en plus de mes activités professionnelles, j’appartiens à un club de mentorship qui aide les jeunes pousses à réfléchir autour du marketing, du business development et de la technologie.

Comment avez-vous évolué vers des fonctions managériales après un diplôme en école d’ingénieur spécialisée dans les télécoms ? Pourquoi avoir choisi cette voie ?

La formation d’ingénieur à Télécom SudParis est très importante. Ce que j’ai appris au sein de l’école m’a toujours servi et je ne l’oublierai jamais. Il s’agit d’une question de sensibilité personnelle. Je voulais rapidement être au cœur des préoccupations des clients, cela m’a rapidement plu. Par ailleurs, je dirais que c’est le hasard des rencontres. Chez AT&T, la société avait une approche globale, très orientée marketing et produits. A travers cette expérience, j’ai senti que ces fonctions étaient en vogue, qu’il y avait un manque de ressource et que je pouvais amener de la valeur. Avec un esprit logique et rationnel, il existait un fit entre ce que je pouvais faire et ce qui était recherché à l’époque. Le conseil que je peux donner est que la formation d’ingénieur c’est-à-dire Maths sup, Maths spé et ensuite ingénieur, développe des capacités appropriées de réflexion approfondie. Cela ouvre des portes pour la suite.

En plus d’être diplômé TSP, nous avons pu lire que vous êtes diplômé de l’INSEAD. Conseillerez-vous à un étudiant ou un diplômé de suivre une formation complémentaire en management ?

Il n’y a pas de réponse unique à cette question, car elle dépend de nombreux éléments. Il existe plusieurs modèles. Travailler assez vite représente certainement une vraie possibilité car cela permet de se confronter rapidement à la vie professionnelle. Par exemple, en Angleterre, le modus operandi (mode opératoire) est que les élèves vont jusqu’au BA (Bachelor of Arts - équivalent de la licence en France) après le High School. Ils ont à peu près 21 ans. Ensuite, ils acceptent très souvent un premier emploi. Quelques années plus tard, ils reprennent leurs études pour faire un MBA ou un Master.

Pour ma part, j’ai eu effectivement l’occasion de suivre un programme exécutif à l’INSEAD en 2003, le International Executive Program (IEP) qui a été conçu pour les managers qui possèdent autour de dix ans d’expérience professionnelle. J’ai trouvé cette formation très complémentaire à celle de Télécom SudParis, notamment en finance et en gestion.    

Quel est le meilleur conseil que vous ayez reçu de manière générale ?

Mon conseil est d’écouter les personnes avec de l’expérience. J’ai deux personnes en tête. D’une part, je me souviens que mon père m’avait dit de faire Télécom SudParis à un moment où l’internet et les réseaux mobiles n’existaient pas. Il était assez visionnaire pour l’époque! D’autre part, quelques années plus tard, un de mes mentors qui était américain, m’avait conseillé de ne pas rester trop longtemps dans ma zone de confort. J’essaie de garder constamment cette remarque en tête afin de ne pas me reposer sur mes lauriers!